Comment résoudre le problème de double identité dans le processus de délivrance de la CNI au Cameroun ?
Il y’a quelques semaines l’état du Cameroun a signé un protocole d’accord avec la société Allemande Augentic Gmbh pour la délivrance de la carte nationale d’identité camerounaise en abrégé CNI (https://www.digitalbusiness.africa/production-des-cni-au-cameroun-lentreprise-allemande-augentic-gmbh-remplace-la-francaise-gemalto/).
Ainsi, comme le stipule l’accord, Augentic (qui remplace l’ancien prestataire Gemalto) devra construire l’ensemble de l’infrastructure nécessaire pour désormais délivrer la CNI en 48 heures à partir de décembre 2024. Toutefois, il subsiste un problème majeur qui est celui de la double identité de nombreux citoyens camerounais qu’il faudra résoudre avant l'opérationnalisation du nouveau système. L’objectif du présent article est de présenter une approche de solution pour la résolution de ce problème.
D’un point de vue informatique, le problème de double identité est assimilable à un problème de doublons dans les données. Pour le cas des données d’identification, détecter des doublons peut se faire en analysant (via des algorithmes de computer vision) les photos et empreintes digitales de citoyens entres elles pour vérifier que dans le système il n’y ait pas plusieurs entrées avec la même photo ou empreinte digitale. En plus des photos et empreintes digitales, cette analyse prendra aussi en compte les noms et prénoms du propriétaire de la CNI (analyse de la similarité), les noms et prénoms des parents (analyse de la similarité), la date de naissance, le lieu de naissance.
Une fois que les doublons ont été formellement identifiés 02 options s’offrent à nous. La première c’est de fusionner les doublons pour ne conserver qu’une entrée en base de données. Cette option est envisageable uniquement quand il n’y a pas de grandes disparités entre les données en doublons. La seconde option est de totalement supprimer les doublons. Cette fois-ci le citoyen n’aura plus de données dans la base de données de l’identité nationale et sera appelé à refaire son enrôlement. Dans l’une ou l’autre des situations et si cela est possible, un message (email ou sms) sera envoyé aux détenteurs des données en doublons pour qu’il se présente à un centre d'enrôlement pour lancer la procédure soit d’un nouvel enrôlement soit pour fusionner les données en doublons. Quoi qu’il en soit un délai de 30 jours sera donné au citoyen pour corriger le problème faute de quoi les données en doublon concernées seront purement et simplement mis en rebut ou désactivées (d’un point vue applicatif la donnée n’est plus visible aux différentes applications mais elle reste physiquement présente en base de données jusqu’à sa réactivation).
Par ailleurs, pour le nouveau système, il faudra prévoir les fonctionnalités suivantes :
1. Si ce n’est pas encore le cas, l’usager devra désormais pouvoir fournir, s’il en possède, son numéro de téléphone et/ou son adresse e-mail pour pouvoir le contacter plus tard en cas de besoin.
2. Le nouveau système devra prévoir la mise en disposition d’une interface web accessible aux usagers et permettant de vérifier si un numéro de CNI donnée est valide ou pas. Une CNI réputée valide est une CNI qui existe dans la base de données de l’identité nationale, qui n’est pas expirée et qui n’a pas de doublon. En cas de non validité, on affiche un message ‘Numéro CNI invalide’ suivi de la raison de l’invalidité (CNI expiré, CNI non présente dans la base donnée nationale, CNI présentant dans des doublons). En cas de validité, on affiche comme résultat juste le numéro de la CNI, sa date d'émission, sa date d’expiration, le lieu d’émission, la photo du propriétaire, le nom/prénom du propriétaire.
3. Une autre interface web pourrait permettre de savoir si un usager présente une situation de double identité (ou pas) et le cas échéant inviter l’usager à se présenter à un poste d'enrôlement pour le corriger. Pour vérifier si son identité est sujet à des problèmes de doublons, l’usager devra fournir son nom/prénom, sa date de naissance, son lieu de naissance, une demi carte photo, les noms/prénoms de ses parents.
4. Il faudra que ce nouveau système mette à disposition une api permettant à des systèmes informatiques externes tiers ayant besoin de vérifier l’identité d’un utilisateur/usager via sa CNI de le faire sans grand tracas. En effet, dans leur processus métiers, de nombreuses entités privées ou publiques ont besoin pour des raisons de sécurité ou de conformité qu’une telle api soit disponible pour faciliter et automatiser leur process. Nous pensons notamment aux institutions bancaires, aux opérateurs de télécoms, aux fournisseurs d’eau et d'électricité, aux autres entités de l’administration publique (DGI, Douanes, Police des frontières, etc.), aux plateformes de e-commerce, aux plateformes de paiement électroniques, etc.
Nous finirons cet article en disant qu'en dehors de la carte nationale d’identité et du passeport, la sécurisation de l’identité camerounaise doit remonter en plus haut avec la sécurisation du fichier de l’état civil qui est le socle même de l’identité nationale. Nous ferons plus tard un article sur ce sujet mais d’ici là vivement que la mise en œuvre du nouveau système pour la CNI soit une réussite pour que cesse le stress que nous avons connu ces dernières années pour l’obtention de ce document.